Monsieur le Maire,
Je souhaitais prendre rendez-vous avec vous personnellement au sujet de mon immeuble, situé au 151 rue de Fontenay, que vous avez placé en emplacement réservé. Je voulais vous rencontrer afin, d’une part, de vous expliquer l’histoire de ce bâtiment qui appartient à ma famille depuis 3 générations et, d’autre part, afin que vous me rassuriez au sujet de ces emplacements réservés qui peuvent se transformer en expropriation.
Pendant des années, mes grands-parents ont eu des locataires soumis à la loi de 1948, et ce jusqu’en 2007 pour l'un d'entre eux ; 500,00 francs par trimestre pour un 54 m2 à Vincennes, ce n’est pas ce qui permet de faire un ravalement de façade, mais là n’est presque pas la question.
Mon grand-père logeait en plus des locataires de la loi de 1948, des jeunes gens qui débutaient leur vie active et, comme sa façade n’était pas propre, il pratiquait des loyers modiques, là c’est le chat qui se mord la queue.
Ma famille n’a jamais fait d’argent sur cet immeuble mais elle a donné un toit à des gens qui n’auraient peut être pas pu se loger sur Vincennes.
J’y habite depuis 14 ans, mes enfants sont nés ici, mon frère et sa femme ainsi que leur futur enfant sont également dans cette maison, mon oncle, ma tante et leur fille y vivent depuis plus de 30 ans, nous nous y sentons chez nous à juste titre, il me semble, en tout cas il me semblait jusqu’à ce que vous choisissiez de le réserver. Vous aviez 5 critères de sélection pour ces emplacements, dont deux qui nous concernent : façade vétuste et monopropriété.
Vous n’avez pas voulu me recevoir, j’ai été convoquée par contre par vos services techniques, qui m’ont révélé que c’était la loi, celle du droit urbain, que j’aurais dû lire les panneaux d’affichage de la mairie, me manifester plus tôt, que l’expropriation n’était pas à l’ordre du jour du conseil municipal de la mi-décembre mais qu’en effet elle n’était pas exclue, d’autant que nous n’avons aucune intention de vendre… pas de vente, pas de préemption.
Ma grand-mère avait signé un devis pour le ravalement de la façade, mais depuis que nous savons que nous sommes en emplacement réservé, tout est bloqué, l’argent et les projets, à quoi bon si vous nous prenez l’immeuble ? Surtout au prix où vous le rachèteriez, cela ne permettrait de reloger qu’une seule famille de l’immeuble sur Vincennes, et les autres ? Où irions-nous ? En HLM comme me l’a rétorqué votre conseillère ? Je me sens dans cet appartement chez moi, mes enfants également, j’ai un petit revenu qui ne me permettrait pas d’habiter ailleurs, et peut-être même pas assez grand pour être éligible aux HLM de Vincennes. Alors déshabiller Paul pour habiller Jacques, je ne trouve pas que cela soit opportun.
Notre immeuble est très beau, en témoigne que vous avez classé le 173 rue de Fontenay en architecture remarquable, et qu’il est identique au mien, bévue ou facilité ?
En témoignent aussi les nombreuses signatures d’architectes sur notre pétition commune pour la sauvegarde de notre patrimoine, celui de ma famille et celui des Cailliez injustement menacé aussi.
Je ne comprends pas, je reste ébahie, abasourdie face à ce que je ressens comme une injustice. Depuis 14 ans que j’habite ici, j’ai vu nombre d’immeubles se construire, des immeubles de « Haut standing » majoritairement bâtis par le même promoteur, Monsieur Christian Courtois, maintenant on nous dit il n’y a plus de foncier à Vincennes, ne fallait-il pas y penser un peu plus avant d’accorder des permis de construire pour des logements qui n’abritent aucune place au social ?
Je dors mal, j’ai peur, vivre avec une épée de Damoclès au dessus de son toit n’est pas vivre, surtout quand on sait qu’elle peut tomber tous les 3 mois et ce, pendant 30 ans. A chaque approche du conseil municipal je tremble à l’idée que mon adresse, mon toit peut être à l’ordre du jour.
Vous aviez aussi communiqué dans le Vincennes Info en 2007 que ces mêmes emplacements réservés serviraient à faire 100% de logements sociaux, or j’apprends l’année passée que vous avez passé un contrat avec l’EPFIF qui s’engage à racheter tous ces emplacements, à la place de la mairie, mais qu’en échange de ce service, il construira 50% de logements sociaux et 50% de logements « standing ». Là, en plus de la peur de perdre mon toit, je m’insurge contre ce revirement. Que je sois à la rue pour loger des plus nécessiteux, passe encore, mais des mieux lotis que moi, j’ai du mal à le digérer.
Camille Rabette
vendredi 12 février 2010
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10 commentaires:
J'ai découvert cette affaire en recevant un tract ce dimanche au marché.
Je suis indigné par cette politique municipale, quel scandale!
De plus, je suis passé devant le 151 rue de Fontenay dans l'après-midi et ne comprend point qu'on puisse vouloir s'en prendre à un si bel immeuble, en témoigne ses magnifiques sculptures sur la façade...
Tenez bon Madame Rabette!
Camille,
Tu dois continuer à te battreet nous te soutiendrons : fais le pour toi,tes enfants et ceux (locataires) qui comptent sur toi!
Monsieur le Maire finira bien par entendre !
Un petit mot de soutien pour témoigner ma solidarité envers les victimes de la politique de notre mairie.
Tout est dit dans cet article.
Courage a tous les occupants du 151 rue de Fontenay.
Vincent,
c'est proprement scandaleux !!! La mairie de Vincennes n'a vraiment peur de rien. Le maire n'a rien d'humain...
Cette politique n'a rien de démocratique.
H O N T E U X !!!!
Courage à vous.
Peut on faire tout est n'importe quoi, pour faire semblant de Respecter des quota et surtout utiliser la loi pour nuire a des familles qui non rien demandé, au contraire des familles qui ont toujours aidé leurs voisin.
C'eSt une honte!!!!!
Le commentaire précédent c'était Nassim
Juste un petit message pour vous dire que nous vous soutenons à 200%, moi et toute ma famille.
Je tiens à apporter mon soutient à toutes les familles qui se trouvent sur cette liste. Mais plus particulièrement à La famille Cailliez qui depuis toujours s'est investi pour les autres. Tenez bon !!
J'ai vécu 2 ans et demi au 151 rue de Fontenay, locataire privilégiée habitant Vincennes pour un loyer en dessous des normes parisiennes.
Cela m'a permis de me loger avec mes deux enfants.
J'ai ensuite déménagé en Province, mais si ce projet ne s'était pas fait, je serai encore au 151, rue de Fontenay, menacée de perdre mon logement ?
Je suis écoeurée de cette situation qui devrait déjà être réglée, la pression sur les personnes de l'immeuble est intenable.
J'espère fortement lire bientôt que tout est terminé et que la vie continue...
Bon courage à tous,
Alice.
J'aimerais saluer l'énergie d'une femme qui travaille, élève ses enfants et se lève le dimanche matin pour remuer les choses en distribuant des tracts et en continuant à s'angoisser pour la suite…
La réponse que fait la mairie en noyant le poisson et en disant qu'il n'est nullement question d'expropriation est énorme !
Il est simplement question de déposséder les gens… Bon courage à vous tous !
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